César Vayssié
Spectacles
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SOUVIENS-TOI QUE C'EST UN FILM COMIQUE*
Cette note émouvante – écrite par Fellini, alors en pleine dépression, sur un sparadrap collé à la caméra du tournage de Huit et demi – contient les paradoxes que nous vivons. L'apparente vacuité de nos actions, la complexité de créer dans l'inconnu et de transformer l'injonction à une résilience forcée en proposition artistique. D’une manière plus conceptuelle, l'aberration sémantique – souviens-toi que c’est – souligne le schisme entre le vivant et le filmé. La représentation à laquelle nous assistons dans les espaces de l'Hôtel n’est pas ce que la caméra retient. Le tournage n’est pas une captation mais l'écriture d'un cinéma inédit. Plus tard, le film est projeté. Il se substitue à la mémoire vive du public témoin de ce qui fut, et devient la preuve plus ou moins fictive mais éternelle de ce qui a été. C'est un spectacle et sa version iconique. Certains verront le spectacle et le film, d'autres uniquement le spectacle et d'autres uniquement le film.

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RICORDA TI CHE È UN FILM COMICO*
Cinq jeunes artistes créent un spectacle dans l'Hôtel du Belvédère, bâtiment-frontière en forme de paquebot immobile aux portes de la Méditerranée, symbole d'un temps empêché. Nous assistons à la création de la création. Une recherche mouvementée à partir de Beethoven, exemple d'un dépassement héroïque de la catastrophe : être sourd et composer l'Hymne à la joie, quand même !
Dans une confusion artistico-politico-sentimentale, le désir défie la peur. Un duel métaphysique qui bouleverse les schémas artistiques et oblige à repenser la suite du trajet.Cette fable décalée produit une chorégraphie parlée et simultanément un film, minimalistes et bruts. Les deux écritures (le vivant et le filmé) exploitent les phénomènes narratifs du corps et de la parole, inventent des constructions poétiques et comiques, travestissent les clichés et retournent les logiques du récit vers des sensations ambiguës.

NOUS SOMMES TOUS DES BEETHOVEN
« C'est un croisement des règles, une autre façon de faire du spectacle vivant et du cinéma, pour une proposition totalement comique donc tragique et inversement. Le comique désespéré d'une petite communauté suspendue à l’espoir et noyée dans les vertiges de la création. Le tragique burlesque de gestes archaïques qui traduisent la confusion contemporaine, avec le désir d'atteindre les rivages d'un monde nouveau. Ou comment éviter l'iceberg qui pourrait détruire ce Titanic conceptuel, mais tout faire pour que le réchauffement climatique ne le fasse pas fondre. »
LE BELVÉDÈRE
L'Hôtel du Belvédère à Cerbère fût inauguré en 1932. Cette réalisation de l’architecte Léon Baille est la première construction en béton armé au monde, son architecture unique s’est inspirée des paquebots de l’époque, un Titanic en quête du nouveau monde, resté à terre. Construit sur la voix ferrée de la gare de Cerbère, ville frontière, l'hôtel accueillait les voyageurs devant effectuer un changement de train à cause de la différence d’écartement des voies entre la France et l’Espagne, ou qui étaient dans l’attente d’un visa. En 1906, c'est aussi le théâtre de la première grève féministe de l'histoire, celles des « transbordeuses d'oranges » qui transvasaient à la main les marchandises d'un wagon en provenance d’Espagne dans un autre wagon français disposé en vis à vis.

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