César Vayssié
Spectacles
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Aujourd'hui, certaines personnes refusent de danser sur la musique de Michael Jackson, comme on pourrait légitimement refuser d'utiliser un I-phone assemblé en Chine en regard des suicides liée aux conditions de travail appliquées dans l'usine de Shenzhen ou encore, boycotter les rouges à lèvres contenant du mica pour lequel encore 20 000 enfants travaillent dans des mines en Indes et refuser de voir des oeuvres dont les auteurs sont mis en causes pour violences sexuelles.
Je veux imaginer un geste artistique en forme d'expérience en écho aux questions contemporaines. Comment l'art évolue avec des énergies contradictoires et des gestes polymorphes dans le contexte d'une période bouleversée où les mouvements de pensée de toutes sortes transforment et fragmentent le lien sociétal ?
Quand le patriarcat est enfin concrètement remis en question, les luttes féministes enfin entendues, quand l'écologie des comportements collectifs et la justice sociale sont au centre du destin des sociétés, il est important de traduire la forme des actes avec distance, décalage, en utilisant aussi le grand écart du burlesque
Une rénovation des comportements passe- t’elle par l’abandon d’une phraséologie du passé et par l’avènement d’une nouvelle esthétique, un nouveau régime de mouvements à trouver, un positionnement des corps à expérimenter dans l’idée de créer une relation entre des personnes différentes. Nous en sommes là. Les gestes ont toujours anticipé les idées.
Pour moi, la danse pose un acte de démarcation physique face à la complexité des idéologies.
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La chanson Billie Jean a traversé les générations. Enregistrée en 1982, il y aura 40 ans en 2022, et sortie en single en 1983, elle reste l’un des titres de Michael Jackson les plus connus au monde. Avec le bassiste Louis Johnson, ils inventeront la fameuse ligne de basse qui signera le tube. Michael Jackson décide d’en faire une introduction de 30 secondes. Une idée qui déplaira à Quincy Jones mais Michael Jackson l'imposera : Mais c’est ce qui me donne envie de danser !
La question de l'identité, obsession traumatique emblématique du destin du roi de la pop est aussi le symbole complexe de la transformation de la société mondiale à la fin du 20ème siècle. Ce besoin d'identités multiples ont conduit MJ à s'écarter de ses origines jusqu'à changer la couleur de sa peau, puis à modifier son visage vers une esthétique manga aux traits androgynes. Aujourd'hui encore, il persiste une présomption sur certains de ses comportements (l'affaire Neverland) qui trouble la relation à l'artiste et transforme le désir que provoque sa musique. Ces comportements incompréhensibles sont-ils les affres d'une quête d'identité sexuelle sans fin que sa popularité ahurissante a rendue impossible à une époque qui n'était peut-être pas prête à entendre cette situation ? Le sujet n'est pas là, mais la question est ultra contemporaine. On sait quel immense danseur fut Michael Jackson, nous savons aussi à quel point l'esthétique de sa danse, dont la matrice fut créée sur Billie Jean (le fameux moonwalk), est le clonage d'une danse de Bob Fosse que MJ fit sienne, geste caméléon par excellence qui raconte encore ce chemin vers une autre personnalité.
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